DES LETTRES ET DES MOTS

« Trop jeune pour tenter l’aventure, Karim passait son temps à se promener le long de la plage et à sillonner les ruelles tortueuses de la médina. Le soir, il escaladait une colline dominant le port et toute la ville et passait des heures à contempler les lumières lointaines d’Algésiras scintillant au milieu de la brume comme un mirage.
Il ne se lassait jamais d’observer les navires qu’il pouvait reconnaître à plusieurs encablures du port ; ils l’intriguaient par leurs formes et surtout par leurs noms qui donnent à rêver : Boughaz, Détroit, Marrakech, Dunes, Oasis… Il rêvait du jour où il pourrait monter à bord d’un de ces navires et se promener librement sur le pont, mais cela n’était pas possible : on aurait pu le prendre pour un clandestin qui cherchait à se cacher dans la soute. Vu du haut de la colline, le port ressemblait plutôt à une citadelle entourée de murs infranchissables et de policiers redoutables ».